Fragments
©ZZZedmondcarrere
Projection - Rencontre
En présence de la chorégraphe danseuse Mathilde Olivares
Exposition visible sur toute la durée de l'événement
À l’Automne 2019, la Maison d’Accueil Spécialisée Maud Mannoni a accueilli au coeur de son quotidien deux résidences d’artistes, Séjour & Plongée # 1, imaginées par la chorégraphe et danseuse Mathilde Olivares.
Avec une large équipe de collaborateur.trice.s artistique, elle s’est employée pour ce projet chorégraphique à inverser le rapport d’adaptabilité d’un processus créatif et d’une pratique artistique à un contexte aussi singulier que celui d’une structure médico-sociale.
Invitant les résident.e.s et professionnel.le.s de santé de la M.A.S à être tour à tour spectateur.trice.s, acteur.trice.s, et auteur.trice.s de danses, Séjour & Plongée proposait de laisser affleurer la danse là où on ne l’attend pas, en la délayant dans un quotidien où a priori elle n’existe pas, portée sans distinction par des danseur.se.s professionnels et ces personnes qui a priori ne dansent pas.
Dans ce lieu où les corps parlent et se manifestent souvent avant le verbe, là où ils représentent un enjeu décisif pour rester en relation au monde et aux autres, des moments de danses aussi peu conformes que leurs protagonistes sont apparus. Ils ont été filmés par le réalisateur documentariste Edmond Carrère.
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Ces trouées poétiques aux contours irréguliers, non préméditées et absolument éphémères, font de Fragments un support de diffusion cinématographique non moins singulier et créatif. Des Fragments, aux durées et formats variables, peuvent s’agencer et se dévoiler de plusieurs manières, ils sont des appuis à la discussion et à la divagation. Ils tendent à produire et restituer une expérience immersive, des formes et des langages, à relier des impressions et des expressions, sans pour autant vouloir les capturer, les traduire ou les sophistiquer. À la croisée du film de danse, du documentaire, d’un travail expérimental et de la fiction, Fragments délivre alors des moments de danse ténus et délicats, à la lisière du visible et de la danse telle que nous pouvons nous la représenter ; il donne à voir des bris chorégraphiques et cinématographiques, dans leurs formes initiales d’apparition.
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Dans ses travaux, et a fortiori avec Fragments et les résidences Séjour & Plongée qui ont littéralement déplacé le lieu de la création chorégraphique et placé les artistes dans le creux d’une non-assignation institutionnelle, Mathilde Olivares aime situer l’acte créatif pris dans ses contextes et ses modes de production. Les questions politiques et institutionnelles y sont donc centrales, et traitées comme les éléments d’un cadre déterminant, façonnant le contenu même des pratiques. L’occasion ici d’observer ce qu’il peut y avoir de commun entre deux mondes a priori très éloignés : celui du médico-social et celui de la création artistique.